La saison des pluies et la période que j’aime le plus au Mali. Si parfois je suis contrains de voyager, je me refuse à quitter le foyer pendant ces quelques mois. L’odeur de la pluie qui bât la terre rouge, le bruit, les ambiances en famille autour d’une tasse de kinkeliba… tous ces instants que je ne raterais pour rien au monde.

Évidemment, les contraintes sont au rendez-vous. La boue est partout, nous empêchant de circuler normalement. Nous qui nous déplaçons en moto pour la plupart du temps, ça relève de la prouesse ! Nous avons déménagés dans le sud, quittant Bamako pour un temps. Les pluies y sont torrentielles parfois. Les orages retentissent et font sursauter autant que la vue des éclairs. Hier, le bruit était si puissant que Badjènè a eu des contractions toute la soirée. Un éclair, frappant sans doute à proximité, a fait exploser une ampoule dans la chambre de Balakisa, on n’y est pas habitués, mais ça viendra.


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Quand tout s’est calmé on a pu apprécier tous ensemble la fraicheur, assis dans la cour. Les enfants s’étaient trempés au début de l’averse en jouant en dessous, mais la puissance du tonnerre les a fait fuir à l’intérieur de la maison. Tout le monde profite de l’air frais en se réchauffant autours du fourneau. Les ventres arrondis des épouses se détendent doucement et je les regarde tous se réjouir du moment.

La douceur des nuits est sans égale. Les grossesses sont plus aisées qu’en pleine chaleur, évidemment, malgré les mois qui commencent à passer. Cette saison m’inspire toujours, le ciel gris, les orages, le vent… j’aime tout.

L'Hivernage, saison des pluies au Mali. Crédit Photo : @SambaPolygame (twitter)

Nous allons bientôt fêter Tabaski, la grande fête dite « du mouton ». Les enfants commencent à être excités, déjà, une semaine avant. Mes épouses ne cessent de débattre sur les repas des trois jours de fêtes. Les préparatifs, bien plus lourds que pour que l’Aïd el-Fitr du mois de Ramadan, vont l’être encore plus avec les ventres qui s’alourdissent.

Pour ma part, j’essaie de vivre pleinement chaque jour qui passe en ces jours pluvieux. À chaque fois que l’hivernage prend fin, la tristesse m’envahit. Je vois partir mes moments préférés, pour de longs mois. J’y pense chaque matin, avec ma tasse de café, sur la terrasse, à contempler les gouttes frapper le sol. Reverrais-je un plus beau spectacle ? Après la mort, à coup sûr.


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