L’imaginaire collectif
Dans l’imaginaire occidental collectif, le polygame est un homme à femmes, qui ne peut rester fidèle, ne pratiquant donc qu’une polygamie articulée sur cette sexualité. Comme expliqué dans Polygamie et Cultures, l’homme est polygame depuis la nuit des temps, taillé pour l’être et pratiquant de fait, marié ou non. Qu’on apprécie ou pas ces faits, ça ne changera rien à la réalité. Lutter contre l’ADN, même si l’on pourrait bien sûr discuter sur l’apaisement d’un patriarcat dictatorial, est un combat vain.
C’est donc dans son apparat le plus animal qu’on imagine cet homme. Il a plusieurs femmes, qu’il consomme à sa guise, où il veut, quand il veut, et tant qu’on y est, sous une même couverture, ou pas. Lorsque je précise « imaginaire occidental collectif », je veux dire qu’en dehors de la société blanche, nul ne s’imagine le polygame comme le blanc l’imagine. La seule raison qui l’explique est que la polygamie, celle telle que pratiquée par les musulmans ou tout autre culture qui pratique traditionnellement le mariage pluriel, ne fait pas partie de l’univers blanc. Pour la penser, on doit aller chercher ce qu’il s’imagine, ce qui intrigue et passionne le blanc, le sex pluriel.
Au final donc, pour le blanc, les épouses de cet homme sont des esclaves sexuelles, telles qu’il les désire dans son for intérieur tapissé de pornographie. Il rêve d’être cette personne, qu’il la fustige ou pas en façade, il désire ce qu’il croit qu’elle réalise. Il l’admire pour ce qu’elle assume, car il est lui-même un polygame frustré.
Polyga.me n’est propulsé que par un instinct vengeur, donnez-lui de la force…
Polygamie et sexualité, concrètement…
La meilleure expression pour comprendre la pluralité des épouses est de les remplacer par des « foyers ». Un homme polygame a plusieurs foyers dont il s’occupe car il y est en chacun le mari et le père de famille. Avec donc chacune de ses épouses il aura une vie de famille différente, empreinte de ses liens, son amour, pour sa femme et ses enfants. Il se peut aussi que toute sa grande famille vive dans un même lieu, ce qui favorisera une éducation semblable et une cohésion des fratries, mais ça n’empêche que chacune verra son mari en un temps qui lui sera dédié.
Loin donc l’idée des orgies sauvages, des parties à plusieurs. La polygamie c’est le respect des âmes et le sens des responsabilités. Les déviances de l’époque ne concernent en aucun cas la pratique rigoureuse d’une tradition séculaire. Et s’il peut forcément y avoir des cas marginaux qui viendront contredire ces faits, ils n’en restent pas moins des exceptions.
Le poids de la culture comme garde-fou
Un homme, un père, m’a confié sa fille en pensant que je serai bon envers elle. Face à cela, j’ai engagé ma parole et ma réputation. J’ai engagé de mes finances pour ce mariage, comme pour chacune de mes épouses. Les familles ont pris connaissance de cette union, scandant partout dans la ville et le pays que je vais épouser cette fille.
De son côté, cette jeune femme s’est mise à rêver de m’épouser, de m’aimer et me servir. Dans la peur de tacher la réputation de sa famille, elle va me donner le meilleur d’elle-même, consciente qu’elle est devenue dès lors la vitrine de sa lignée. Face à tout cela, que vais-je faire d’elle ? Si je la maltraite, c’est mon honneur qui s’envole, ma famille qui est salie. J’aurais manqué à mon engagement.
Cette jeune femme m’a désiré avant ce mariage, elle m’aime chaque jour pour ce que l’on vit tous les deux. Il en est de même pour chacune de mes épouses. Comment face à tout cela pourrais-je glisser une autre femme dans le même lit ? Demander à ma femme, avec la sournoiserie et le vice qu’on connait de l’homme, d’accueillir sa co-épouse, qu’elle jalouse parfois tant, dans notre lit ? Lui permettre de voir des images, des gestes et des regards qui la blesseront pour la vie ? La polygamie ça n’est pas ça. Elle concerne bien sûr la sexualité, mais cette sexualité ne peut empiéter sur la polygamie. Ce sont des mariages multiples, mais bien distincts. Parallèles, et clairement sans intersections amoureuses. Car si vivre tous ensemble est possible, vivre sous les codes de conduites qu’impose une culture saine est obligatoire à la réussite d’une famille.
Rétroliens/Pings