La fête de l’Aïd el Fitr, celle qui conclut le mois de Ramadan, est un moment très important pour les musulmans du monde entier. Elle boucle un mois de jeûne, dont les dix derniers jours sont souvent très éprouvants dû à ses prières nocturnes intensifiées. L’Aïd, qu’on appelle Seli Tienî au Mali, est d’une importance immense dans la culture d’Afrique de l’ouest.

Une vraie fête de famille

Cette célébration représente la fête de toute une famille, qui a œuvré ensemble. C’est bien sûr l’occasion de se retrouver tous, autour d’un repas qui sera le premier en pleine journée depuis un mois. Les enfants ne peuvent pas connaître un plus beau jour, ils crient, hurlent, courent, jouent dans la maison, les rues, les cours, ayant retrouvé leurs cousins et cousines. Les familles sont grandes, ce qui rend les fêtes plus grandes encore.

Polygamie : les fêtes de famille comme l'aïd du Ramadan son toujours plus belles

La fête de l’Aïd, ce défilé de mode

Pour moi, c’est le jour des femmes. Dans les rues c’est un défilé de beautés. Les plus beaux apparats sont de sortie, la concurrence est extrême. Les bazins les plus riches, les plus brillants, nous en mettent plein la vue. Chacune s’est tunée de ses bijoux, talons, sacs à main accordés. Quant aux tresses, elles ont été façonnées longuement depuis deux, trois, quatre jours, telles un ornement sans fin, un faisceau lumineux qui pulvérise les cœurs. Je préfère le dire d’emblée, mes épouses sont les plus belles de ce monde. Les ventres arrondis de leurs grossesses leurs donnent le trône de ce jour sans aucune tergiversation.


Polyga.me n’est propulsé que par un instinct vengeur, donnez-lui de la force…


Joie et souffrance

C’est aussi un jour fatiguant. Les préparatifs sont rudes. À la cuisine, tout le monde est enrôlé sans avis. Il n’est plus questions de tours dans les familles polygames, toutes les épouses sont un seul corps. Depuis les allers-retours au marché, les missions à l’extérieurs qui se transforment souvent en exercice physique très éprouvant, chacune donne du sien le plus sincèrement qu’il soit.

De mon côté je suis lessivé. Comme je l’ai dit plus haut, les prières de nuits des dix derniers jours nous mettent sur les rotules. On ajoute à cela les négociations qui chauffent avec les divers commerçants devant les prix qui augmentent pour l’occasion, le va-et-vient en moto pour palier aux urgences de certains détails de la préparation…

Le Grand Marché de Bamako, dit Sougou ba, bondé à la veille de Seli Tienî, fête de l'Aïd du Ramadan

Je ne parle même pas de celui qui est condamné, à cause d’un impardonnable oubli, à aller le dernier jour au Grand Marché de Bamako. Une fourmilière sous une chaleur de plomb, tous agglutinés, à jeun, morts de soif, évoluant à la vitesse d’un quart de kilomètre par heure. Une horreur sans nom.

Qui y a-t-il de plus beau qu’une grande famille ?

Le bonheur de mes filles qui savourent la venue surprises de leurs cousines préférées est un régal pour les yeux et le cœur. Je garde un œil sur mes épouses, je regarde leur complicité, je m’assoie avec elles pour m’imprégner de tout l’amour et la joie qui se dégagent.

En Afrique, il n’y a pas de « sens de la famille », la famille est intrinsèque à la vie. On ne peut vivre sans cet entourage, c’est l’aura de chaque être ici. Seli Tienî ne dure qu’un jour, islamiquement. Tout au plus 3 jours dans les faits. Mais ce qu’on a vécu cette année était très beau. Chaque Aïd qui survient est plus beau que celle qui l’a précédée. J’ai hâte de voir Seli Ba, l’Aïd el kebir, la fête de Tabaski. En espérant qu’Allah nous prête vie.


Journal d’un Polygame

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