Ces derniers mois n’ont pas été de tout repos. Ces derniers jours m’ont achevé. Mon travail m’a pris énormément de temps. La famille, surtout les fins de grossesses ont été chronophages. Ceci dit, comme il faut une fin à tout, les naissances ont suivi le processus et trois enfants sont venus au monde, toutes les louanges reviennent à Allah.

En dix jours, mes épouses ont rendu leurs copies. Trois magnifiques bébés, nés de grossesses synchronisées, deux garçons et une fille, côte à côte, tels des triplés. Je ne remercierai jamais assez les sages-femmes, les auxiliaires, le service hospitalier qui a donné de son temps et beaucoup de patience pour aider.

Humanité

Dans ce centre hospitalier qui fait son travail comme il se doit, on n’a pas essayé de nous vendre les produits dérivés classiques. Pas de tentative de césarienne, qui est basée en Afrique sur le même modèle économique que la péridurale en France, on s’est concentré sur la singularité de chacune. Chaque corps est différent, chaque grossesse, chaque enfant qui en nait aussi, bien entendu. L’Humain nécessite de l’humanisme.

La salle d'accouchement, où pousse un taux de natalité démesuré !

Naissance d’une ère nouvelle

À chaque naissance en Afrique, je ne peux m’empêcher de penser au sieur Macron, venu nous expliquer qu’il faut faire moins d’enfants pour sauver la planète. Mais Manu, ici nos enfants ne coûtent rien à la Terre. Nos arbres de Karité, nos Baobabs millénaires, notre bétail que nous acheminent nos peuls, sont là pour les nourrir. En France, un petit pot pour bébé signe une empreinte carbone démesurée. Je ne parle même pas de vos gigantesques centrales nucléaires, nécessaires pour pousser l’énergie que demandent vos fours à micro-ondes pour les chauffer. Stérilisez-vous vous-mêmes.

Car le cauchemar de l’Occident est bel et bien devenu la natalité des « pays émergeants ». Surtout si l’on couple la problématique avec la montée du panafricanisme, la prise de pouvoir de certains dirigeants africains qui entraine la perte de matières premières gratuites pour le colonisateur français.

Cette Afrique qui a nourri la France, sans qui elle n’aurait pu connaitre son développement, est devenue sa tombe. Notez donc ces trois nouvelles naissances et continuez à creuser.

Salle d'accouchement, la natalité en Afrique
Une salle d’accouchement en Afrique.

Guerrières de la natalité

Les accouchements sont des moments très difficiles. Je ne cesse de recommander aux hommes d’assister leurs épouses dans ces instants. S’il est vrai que dans nos pays les maris ne sont pas admis en salle d’accouchement, ceux qui peuvent le faire se doivent d’y aller. Vous sortirez grandis, vous verrez ce qu’une femme vit, ce qu’une mère mérite comme respect.

Dans nos pays tout est tabou, ce qui touche les rapports intimes, les menstrues, les mises au monde, etc. Pourtant, savoir ce que traverse sa femme dans ce moment précis est un vecteur important de compréhension.

L’homme et l’accouchement

L’accouchement de Badjènè a été le plus difficile à mon sens. Après une grossesse aisée, sans même un vomissement, il fallait se préparer au pire, c’est un fait connu de tous. Tout est venu d’un coup. Contractions violentes sur 48h, non-stop. Pour une première grossesse c’est une lourde épreuve, et l’homme se trouve au devant de la situation la plus frustrante qu’il soit pour lui : l’impuissance.

Mes épouses se sont battues. Seules face à une barrière qu’elles se devaient de franchir. Nul choix, aucun demi tour possible, il faut s’arracher !

Face à la douleur, aux larmes, que puis-je faire ? Parler, c’est tout. Trouver les mots qu’il faut, encourager. Alors que la femme se dépasse et fournit un effort qu’aucun homme ne pourrait fournir, l’homme, lui, est face à sa faiblesse, d’une impuissance blessante.

L'homme doit savoir passer là main s'il ne peut pas gérer l'accouchement de sa femme.

Savoir passer la main

Je vieillis, c’est un fait. Balakisa voulait accoucher à la maison mais j’ai refusé. Alors que la plupart de mes enfants sont nés dans la chambre de leur mère, avec moi, cette fois-ci je ne me sentais pas en mesure de le faire. Lorsqu’on vieillit on devient sensible et il faut beaucoup d’énergie pour affronter les heures de travail, avec des accouchements souvent en pleine nuit. J’ai passé mon tour.

Les hôpitaux en Afrique ne font pas de bluff. Pas de fils branchés partout, de machines qui bipent pour rien. Une contraction se ressent et se voit physiquement, la sage-femme saura dire quand pousser. En France, les équipes médicales sont dépassées par la technologie qu’on leur prête.

Combien de fois me suis-je énervé de leur incompétence. L’accouchement est une affaire d’êtres humains, de corps, de vie. Ce que la femme prouve ce jour-là transcende les technologies et la perception des compétences. Rien n’est impossible pour aucune, avec l’aide d’Allah. Lui qui a exaucé mes invocations désemparées ces jours-ci.


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